Fantastique périple que celui qui nous a conduits de Bombay à Cochin, sur la route des épices, et que nous avons poursuivi jusqu’aux Laquedives.
De la métropole hyperactive à l’île préservée, du faste des palaces et l’extrême simplicité des étals de rue, l’Inde est plus que jamais le pays de tous les contrastes !
Notre séjour à Bombay (Mumbai) a débuté par un sublime petit-déjeuner au mythique hôtel Taj Mahal, fondé en 1903 par un homme d’affaires indien et qui vient de rouvrir après deux ans de travaux.
Nous y avons notamment goûté une assiette de papaye, d’ananas et d’autres fruits inconnus sous nos latitudes (dont la succulente mudapple, très fibreuse et sucrée – si nous en connaissez l’équivalent, je suis preneuse de vos informations), accompagnée d’un jus de pastèque fraîchement pressé (sur la photo, il s’agit d’un jus de bitter gourd - un concombre local vraiment très amer - que j'ai bien sûr pris pour un jus de kiwi…).
Le samedi midi, nous avons eu le privilège d’être invités chez Abha et Naren pour un déjeuner traditionnel, composé de plats végétariens somptueusement présentés, en l’occurrence divers "currys" de légumes (chou-fleur, épinards, pommes de terre…), du dal, des chapatis, du riz...
Repas inoubliable clos par la dégustation d’un crumble aux pommes maison et de sandesh, d’irrésistibles pâtisseries à base de lait entier et de sucre, aromatisées à la cardamome ou à la noix de cajou (au centre de la photo). Les sandesh couleur caramel contenaient en fait du jaggery, du sucre de palme ou de canne non raffiné, typique du sous-continent indien.
Après ce déjeuner, nous sommes partis pour une balade à pied de plusieurs heures dans le quartier de Colaba, qui abrite la plupart des anciens bâtiments coloniaux, notamment la gare Victoria (réplique de la gare londonienne de Saint-Pancras),
mais aussi le terrain de cricket de Maidan, délicieusement rétro.
Sur les trottoirs, de nombreuses échoppes proposent du jus de canne à sucre fraîchement pressé (les bâtons de canne sont entreposés sur le toit avant de passer au travers d’une grosse moulinette),
ainsi que des noix de coco vertes dont la coque est percée sous vos yeux pour permettre l’insertion d’une paille et la dégustation de plusieurs décilitres d’eau de coco… un vrai délice !
A Cochin (Kochi), l’ancien comptoir portugais situé à 1300km au sud de Bombay, sur la côte de Malabar, nous avons eu un aperçu de la savoureuse cuisine du Kerala, très épicée comme l’est souvent la cuisine du sud de l’Inde, mais dotée d’une forte identité, avec ses produits phares, le poisson bien sûr et la noix de coco.
Au Brunton Boat Yard, un ancien hangar de fabrication de bâteaux de la fin XIXe siècle transformé en hôtel-restaurant, nous avons pu goûter des plats très raffinés :
- un Malabary vegetable korma, à base de chou-fleur, d’haricots, de carottes et de pommes de terre cuits à feu doux avec de la pâte de noix de coco et un soupçon de curcuma ;
- un Varatharaka kozhi curry, un curry de poulet au lait de coco et aux multiples épices ;
- et un excellent dessert traditionnel, du Vattalapam, sorte de crème au caramel à base d’œuf, de lait de coco et de jaggery, arrosée d’un filet de miel et servie avec des tranches d’ananas rôties… sûrement une source d’inspiration pour les prochaines semaines !
A Cochin, nous avons pu observer aussi les célèbres carrelets ou filets de pêche introduits par les Chinois au XIVe siècle, qui sont encore actionnés à la main par une poignée d’hommes, le long des quais du marché aux poissons, où se tient chaque jour une spectaculaire criée.
Nous y avons surtout suivi la trace du commerce des épices, dont la ville - avec l’un des plus grands ports de l’Inde -, est la plaque tournante depuis des siècles.
Du Kerala proviennent en effet la majorité des épices produites en Inde, lesquelles poussent sur les contreforts de la chaîne des Ghats occidentaux et sont expédiées ensuite aux quatre coins du monde.
De très anciennes maisons se livrent ainsi au commerce des épices mais également à celui du riz, des oignons et du thé.
Sur Bazar Road, les grossistes tiennent encore leurs livres de comptes à la main.
Cochin abrite par ailleurs à Jewtown, le vieux quartier juif, la Bourse du Poivre, dont le nom seul fait rêver.
S’y négocie le cours du poivre à destination des multinationales de l’alimentation mais il ne faut pas s’attendre à y voir une gigantesque criée, les échanges financiers ont lieu aujourd’hui online, par la voie électronique !
Le Kerala produit encore à l’heure actuelle 80% du poivre indien, notamment le fameux MG1 de Malabar, dont Olivier Roellinger dit qu’il est le meilleur du monde.
C’est à Cochin enfin que j’ai pu retrouver ce qui faisait le délice de mes petits déjeuners à Pondichéry, la dégustation de plats plutôt relevés, comme ce masala dosa (crêpe de farine de lentilles farcie de légumes épicés) accompagné d'un chutney de noix de coco,
ou encore celle d’un chai (thé noir brûlant servi à l’indienne, avec un mélange d’épices, du lait et beaucoup beaucoup de sucre) au coin de la rue…
Nous avons eu la chance de nous envoler ensuite pour les Iles Laquedives (Lakshadweep), situées dans la mer d’Oman, à 460km à l’ouest de Cochin, et qui forment le plus petit état de l’Inde.
Sur l’île d’Agatti, dans un paysage semblable à celui des Maldives, nous nous sommes régalés quotidiennement de la pêche du jour, grillée au barbecue et servie avec une simple rondelle de citron dans une assiette en feuille de bananier…. le rêve absolu !
Nous avons apprécié aussi les délicieuses omelettes servies au café de la plage (on ne peut pas dire "bar", la consommation comme la vente d’alcool étant prohibées sur l’île), au son de la musique pop indienne et à la lumière des guirlandes électriques… toute une ambiance !
Mais mon image préférée restera celle de la plus petite épicerie jamais croisée, au milieu de nulle part, sans vendeur (du moins adulte) ni beaucoup de produits à offrir…
Je suis revenue de ce voyage avec de très jolis souvenirs, d'autres photos encore et une pléthore d’envies culinaires dont j’espère vous faire profiter très prochainement !
The Taj Mahal Palace
Apollo Bunder
Mumbai 400 001
India
http://www.tajhotels.com/Palace/The%20Taj%20Mahal%20Palace,MUMBAI/default.htm
The Brunton Boatyard
Fort Kochi
Kochi 682001
India
http://www.cghearth.com/brunton_boatyard/index.htm
Agatti Island Beach Resort
Lakshadweep
India
http://www.agattiislandresorts.com/index.html
Update du 9 mai 2011
Comme promis, et pour mes archives, voici le détail des plats dégustés chez Abha et Naren à Bombay.
De gauche à droite en partant des couverts, l’on peut voir sur la photo :
1- un curry de chou-fleur et de petits pois,
2- un curry de pommes de terre,
3- un curry d’épinards et de pois chiches,
4- du paneer (du fromage frais pressé dans un linge, sous un poids, jusqu’à ce qu’il soit parfaitement égoutté), aromatisé aux tomates et au poivre,
5- des parathas, des galettes de blé un peu plus riches et croustillantes que des chapatis car rôties dans du ghee (beurre clarifié),
6- un dahi papdi, un encas complet mélangeant des galettes de blé croustillantes, des rondelles de pommes de terre, des sev (vermicelles de farine de pois chiche), du yaourt, du chutney de tamarin et de coriandre, des feuilles de coriandre, du cumin et du piment,
7- des ghugras, sorte de samosas aux petits pois originaire du Gujarat,
8- du riz blanc aux graines de cumin,
9- du masoor dal (curry de lentilles),
10- au centre, les sandesh évoqués plus haut, pâtisseries à base de paneer (voir le 4-).
quel fabuleux et fascinant voyage !... et quel superbe reportage aussi !... on a envie d'y être pour vivre aussi intensément ce que tu décris si bien... je n'en reviens pas de la diversité culinaire de ce pays et certainement aussi que toutes ces merveilleuses épices y sont pour quelque chose...
Caroline, je ne suis pas certaine du tout mais d'après une merveilleuse amie indienne, ce fruit si délicieux serait peut-être le "Chikoo" en langue indienne... encore aussi appelé "Sapota" dans le sud de l'Inde... (si il sagit bien d'un fruit rond avec des pépins noirs... il aurait le goût sucré de la poire bien mûre, du bonbon barbe à papa, et à la fois du miel et du caramel)... il parait que c'est un fruit absolument exquis exactement comme tu le décris... voilà pour la p'tite enquête !
merci encore pour ces magnifiques photos et tout ce partage...on attend avec impatience les recettes si bien inspirées...
Rédigé par : Graziella | 18/04/2011 à 23:46
Chère Graziella,
Mille mercis pour ton commentaire et ces renseignements si rapides sur le "sapota" ! J'irai dès que possible dans le quartier indien voir s'ils en ont et te dirai s'il s'agit bien du même fruit...
Dès que possible aussi je complèterai le billet avec les noms précis des plats que nous avons mangés en famille à Bombay. J'avais rarement vu une table aussi somptueuse !
Tu imagines comme j'ai pu apprécier cette cuisine riche en saveurs et épices (et aussi en noix de coco !) et comme j'ai hâte de me remettre aux fourneaux après 8 jours passés en Inde !
J'en ai profité pour acheter quelques livres de cuisine indienne en anglais... bref, nous n'avons pas fini de parler de l'adaptation des recettes !
A très vite, bonne semaine à toi,
Caroline
Rédigé par : Caroline | 19/04/2011 à 06:56
Chère Graziella,
Mille mercis (ainsi qu'à ton amie indienne) pour le "tuyau" concernant le chikoo... c'était bien la "mudapple" dont nous nous étions régalés en Inde.
J'en ai trouvé dans le quartien indien de Paris sous le nom de "sapotilles"... un pur délice, aussi délicieuses que dans mon souvenir... Quelle découverte !
A très vite pour décliner les recettes autour de ce fruit tout à fait unique,
Caroline
Rédigé par : Caroline | 12/05/2011 à 20:28